De la qualité de recrutement des adducteurs dépendrait l'élévation harmonieuse de l'épaule.
Une étude électromyographique ancienne [1] montrait une participation des antagonistes lors du mouvement d’élévation. Réalisée sur 19 sujets sains, elle montrait une activité des adducteurs (grand dorsal, grand pectoral), ce qui n'est pas retrouvé par d’autres auteurs [2].
Cette participation des abaisseurs est attribuée à une fonction de recentrage actif de la tête humérale : Il semble de fait possible d’éduquer des étudiants kinésithérapeutes à cette rééducation [3], la possibilité d’abaissement actif de la tête humérale n’étant cependant retrouvée que chez un sujet sur deux [4].
En 2001, l’ANAES ne pouvait se prononcer en l’absence d’études validant des résultats cliniques, qu’elle réclamait [5].
C’est chose faite et nous pouvons en remercier l’équipe du service de Rhumatologie de Lariboisière - Fernand Widal (AP-HP) : les enseignants de kinésithérapie vont pouvoir se baser sur autre chose que des affirmations péremptoires, dans un sens comme dans l’autre.
Décidément, après Bronkinou, les pourfendeurs de l’immobilisme de cette institution parisienne vont devoir réviser leur jugement...
So what ?
Objectifs
Le recentrage actif de la tête humérale a pour but de prévenir la compression sous-acromiale, un facteur contribuant à l’atteinte de la coiffe des rotateurs. Le but de cette étude est de se prononcer sur l’efficacité de cette technique.
Méthodes
69 patients souffrant d’impingement ont été répartis aléatoirement dans une étude randomisée contrôlée et suivis durant un an. Ils étaient en aveugle du traitement réalisé, de même que les évaluateurs.
Le groupe expérimental bénéficiait d’une éducation au recentrage actif de la tête humérale alors que le groupe contrôle ne bénéficiait que de mobilisations non-spécifique. Les traitements ont été réalisés pendant 6 semaines, au cours de 15 séances et les patients étaient invités à réaliser quotidiennement des exercices à la maison.
Le score de Constant ainsi que les doses d’antalgiques délivrées ont servi à mesurer les progrès à 3 mois et à un an.
Résultats
Il n’y avait pas de différence au score de Constant à 3 mois entre les groupes. Cependant, la partie du score s’intéressant à la douleur apparaissait plus favorable au traitement expérimental (12,2 points ± 2,8 versus 9,9 ± 2,9 soit une différence de points 2,1 IC95%[0,7 - 3,5] avec un p à 0,004).
NB. La partie douleur du score de Constant est une EVA de 0 à 15 où 15 correspond à une absence de douleur.
À 3 mois, le groupe expérimental avait besoin de moins d’antalgiques (96.7% vs 71%, soit une différence de 25.7 % IC95%[3.7 - 51.9], p=0.012). Il n’y avait pas d’autres différences entre les groupes.
Conclusion :
À trois mois, la pratique du recentrage actif de la tête humérale permet une meilleure antalgie qu’un traitement en étant dépourvu.
Le traitement de recentrage actif
Il était divisé en deux parties.
Premièrement, le patient devait apprendre à abaisser la tête humérale lors de l’abduction passive de l’épaule. Celà sous-entendait un contrôle actif de la scapula, à l’aide du grand pectoral et du grand dorsal et l’acquisition de la perception de ce mouvement.
Secondairement, le patient devait réaliser un abaissement actif à l’aide des muscles pré-cités lors d’une abduction active du membre supérieur. C’était réalisé en premier entre 0 et 90° d’abduction, le coude étant fléchi à 90°. Secondairement, coude tendu, l’abduction complète du membre supérieur était réalisée, sans lest, puis à l’aide d’un poids de 500 grammes.
Du classique enseigné dans toutes les écoles hexagonales...
Les exercices à la maison consistaient en 10 co-contractions du grand pectoral et du grand dorsal 3 fois par jour, l’épaule activement placée en abduction, coude fléchi ou tendu en fonction de la progression du sujet.
Le traitement contrôle
Il était divisé en trois parties, soit :
1°- de la mobilisation passive dans les secteurs non douloureux avec à ce stade de l’auto-mobilisation en pendulaire 30 fois par jour.
2°- une mobilisation active de l’épaule dans les amplitudes non douloureuses couplée à une auto-mobilisation en élévation active de l’épaule 30 fois par jour.
3°- une mobilisation active de l’épaule en abduction avec une légère résistance du praticien couplée à un même auto-traitement que dans la 2° partie.
Rien de transcendant, mais pour un traitement contrôle, ce n’est pas des ultra-sons avec le potard à zéro.
Qui administrait les traitements ?
En fonction de leur disponibilité et de la randomisation, deux kinésithérapeutes ont traité 24 et 45 patients, en administrant chacun soit le traitement expérimental soit le traitement contrôle.
Y avait-il des biais dans cette étude ?
Le nombre de patients évalués in fine apparait faible, mais la puissance de l’étude calculée a priori et fixée à 80% montrait que, selon leur expérience, 35 patients dans chaque bras étaient nécessaires pour détecter une différence de 10 points sur le score de Constant. Il y avait 149 patients au départ de l’étude, dont 70 ont été répartis après application des critères d’exclusion et acceptation par les patients.
L’analyse a été faite en intention de traiter.
Les caractéristiques des patients n’apparaissent pas différentes au départ de l’étude.
Une étude électromyographique ancienne [1] montrait une participation des antagonistes lors du mouvement d’élévation. Réalisée sur 19 sujets sains, elle montrait une activité des adducteurs (grand dorsal, grand pectoral), ce qui n'est pas retrouvé par d’autres auteurs [2].
Cette participation des abaisseurs est attribuée à une fonction de recentrage actif de la tête humérale : Il semble de fait possible d’éduquer des étudiants kinésithérapeutes à cette rééducation [3], la possibilité d’abaissement actif de la tête humérale n’étant cependant retrouvée que chez un sujet sur deux [4].
En 2001, l’ANAES ne pouvait se prononcer en l’absence d’études validant des résultats cliniques, qu’elle réclamait [5].
C’est chose faite et nous pouvons en remercier l’équipe du service de Rhumatologie de Lariboisière - Fernand Widal (AP-HP) : les enseignants de kinésithérapie vont pouvoir se baser sur autre chose que des affirmations péremptoires, dans un sens comme dans l’autre.
Décidément, après Bronkinou, les pourfendeurs de l’immobilisme de cette institution parisienne vont devoir réviser leur jugement...
So what ?
Objectifs
Le recentrage actif de la tête humérale a pour but de prévenir la compression sous-acromiale, un facteur contribuant à l’atteinte de la coiffe des rotateurs. Le but de cette étude est de se prononcer sur l’efficacité de cette technique.
Méthodes
69 patients souffrant d’impingement ont été répartis aléatoirement dans une étude randomisée contrôlée et suivis durant un an. Ils étaient en aveugle du traitement réalisé, de même que les évaluateurs.
Le groupe expérimental bénéficiait d’une éducation au recentrage actif de la tête humérale alors que le groupe contrôle ne bénéficiait que de mobilisations non-spécifique. Les traitements ont été réalisés pendant 6 semaines, au cours de 15 séances et les patients étaient invités à réaliser quotidiennement des exercices à la maison.
Le score de Constant ainsi que les doses d’antalgiques délivrées ont servi à mesurer les progrès à 3 mois et à un an.
Résultats
Il n’y avait pas de différence au score de Constant à 3 mois entre les groupes. Cependant, la partie du score s’intéressant à la douleur apparaissait plus favorable au traitement expérimental (12,2 points ± 2,8 versus 9,9 ± 2,9 soit une différence de points 2,1 IC95%[0,7 - 3,5] avec un p à 0,004).
NB. La partie douleur du score de Constant est une EVA de 0 à 15 où 15 correspond à une absence de douleur.
À 3 mois, le groupe expérimental avait besoin de moins d’antalgiques (96.7% vs 71%, soit une différence de 25.7 % IC95%[3.7 - 51.9], p=0.012). Il n’y avait pas d’autres différences entre les groupes.
Conclusion :
À trois mois, la pratique du recentrage actif de la tête humérale permet une meilleure antalgie qu’un traitement en étant dépourvu.
Le traitement de recentrage actif
Il était divisé en deux parties.
Premièrement, le patient devait apprendre à abaisser la tête humérale lors de l’abduction passive de l’épaule. Celà sous-entendait un contrôle actif de la scapula, à l’aide du grand pectoral et du grand dorsal et l’acquisition de la perception de ce mouvement.
Secondairement, le patient devait réaliser un abaissement actif à l’aide des muscles pré-cités lors d’une abduction active du membre supérieur. C’était réalisé en premier entre 0 et 90° d’abduction, le coude étant fléchi à 90°. Secondairement, coude tendu, l’abduction complète du membre supérieur était réalisée, sans lest, puis à l’aide d’un poids de 500 grammes.
Du classique enseigné dans toutes les écoles hexagonales...
Les exercices à la maison consistaient en 10 co-contractions du grand pectoral et du grand dorsal 3 fois par jour, l’épaule activement placée en abduction, coude fléchi ou tendu en fonction de la progression du sujet.
Le traitement contrôle
Il était divisé en trois parties, soit :
1°- de la mobilisation passive dans les secteurs non douloureux avec à ce stade de l’auto-mobilisation en pendulaire 30 fois par jour.
2°- une mobilisation active de l’épaule dans les amplitudes non douloureuses couplée à une auto-mobilisation en élévation active de l’épaule 30 fois par jour.
3°- une mobilisation active de l’épaule en abduction avec une légère résistance du praticien couplée à un même auto-traitement que dans la 2° partie.
Rien de transcendant, mais pour un traitement contrôle, ce n’est pas des ultra-sons avec le potard à zéro.
Qui administrait les traitements ?
En fonction de leur disponibilité et de la randomisation, deux kinésithérapeutes ont traité 24 et 45 patients, en administrant chacun soit le traitement expérimental soit le traitement contrôle.
Y avait-il des biais dans cette étude ?
Le nombre de patients évalués in fine apparait faible, mais la puissance de l’étude calculée a priori et fixée à 80% montrait que, selon leur expérience, 35 patients dans chaque bras étaient nécessaires pour détecter une différence de 10 points sur le score de Constant. Il y avait 149 patients au départ de l’étude, dont 70 ont été répartis après application des critères d’exclusion et acceptation par les patients.
L’analyse a été faite en intention de traiter.
Les caractéristiques des patients n’apparaissent pas différentes au départ de l’étude.